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Adélaïde's accounts
19 juillet 2009

Chapitre 3

CHAPITRE 3

Il fait noir , je ne distingue rien , je suis couchée . A mesure que mon cerveau se remet à fonctionner , je prends conscience que j'ai chaud et mal à la tête . Encore engourdie par mon réveil récent , j'essaie de me tâter le visage . Surprise ! Je ne peux pas bouger mon bras gauche . Petit passage à vide . Et soudain la mémoire me revient . Je me rappelle ma rencontre sur la route du petit bois avec les deux brutes . Les gifles que j'ai reçues et Puis ...rien d'autre , absolument rien !

J'ai le coeur qui se serre , une peur panique s'empare de mon esprit se communiquant rapidement à mon corps . Je tremble et claque des dents , de grosses larmes s'échappent de mes yeux et descendent sur mon visage . Je me pose la question : " où suis-je ? " Question bête mais qui s'impose ! Question que j'ai toujours qualifiée d'idiote lorsque je l'ai entendu , plus d'une fois , murmurée par des héroïnes dans des films !

Pourtant , je l'avoue , comme je viens de le dire , elle s'impose ! Hélas je ne peux pas y répondre . Dans mon désarroi , une foule de pensées me traverse l'esprit . Je pense d'abord à Mellie, à l'inquiètude qu'elle doit se faire , du coup mes larmes redoublent . Ma pauvre tête me fait horriblement mal ! Puis c'est vers Gilles que vont mes pensées , ensuite vers Thomas et Leslie , vers Paul , puis mon défunt mari . C'est bien simple toute la famille défile !

Heureusement , Gilles et son caractère fort me reviennent en pensée . Je me calme , je me force à raisonner . Mes maux de tête : les gifles en sont la cause , voilà au moins quelque chose que je comprends ! Avec Gilles , toujours en fond de décor , un souvenir de lycée me revient en mémoire , une citation plutôt : " Gémir , pleurer , prier sont également lâches ........ " C'est dans la Mort du Loup de Vigny ! Après tout , j'ai eu mon bac , donc je ne suis pas complètement idiote ni totalement incapable de raisonner convenablement !

Je reprends donc à zéro ! Premièrement j'ai mal à la tête , because les gifles . Deuxièmement ........quoi au fait ? Il y a tellement de questions qui se bousculent dans ma pauvre tête , qu'il faut agir par élimination . Donc deuxièmement , mes bras ? Pourquoi ne puis-je bouger ?

Je me tortille un peu : aucun doute possible , j'ai les poignets ligotés derrière mon dos et surcroît de bonheur , mes deux chevilles sont également immobilisées . Surtout .......surtout ne pas céder à la panique et ne pas hurler , je me parle intérieurement , exactement comme si je calmais un cheval bien énervé !

- Là , là ma fille , calme .....calme !!

C'est ma foi efficace , bien que mon imagination galopante m'envoie comme en clips des visions d'horreur !

D'abord : écouter ! Je me concentre et écoute  .......: Rien ! Pas un bruit , je n'entends rien ! Au-moins , je suis seule ! C'est déjà réconfortant , si cela se peut !

Maintenant : regarder ! Il fait nuit noire , je distingue bien des choses plus ou moins sombres , mais il fait vraiment noir , aucun rai de lumière , même en dévissant mon cou de tous les côtés ! J'avais imaginé une salle de garde éclairée où mes geôliers tapaient les cartes en attendant que j'émerge . Rassurée un tout petit peu , je me recouche .

Et maintenant ? Comme j'aimerais voir une porte s'ouvrir et l'inspecteur Blin entrer , révolver au poing ! Hélas , ces sortes de choses n'arrivent que dans les films ou les romans policiers ! La réalité est toujours plus sombre et plus amère . Tout à l'heure une porte va s'ouvrir pour de vrai mais à la place de l'inspecteur Blin , vont surgir mes monstrueux geôliers !!

- Cool !!!! Baby , cool !!!!

En tout cas une chose est certaine , il faut que j'essaie de sortir d'ici !

OK ! Mais comment ? Si encore ces imbéciles ne m'avaient pas attachés les pieds , j'aurais au moins pu me lever et marcher ! Si .........si ........oui , mais comme ce n'est pas le cas , il faut agir avec ce qui est !

Je décide d'essayer de me délivrer des liens qui attachent mes chevilles . Pour accomplir cet exploit , il faut que je me mette sur le ventre et comme mes doigts sont libres, j'espère en remontant mes jambes , pouvoir dénouer mes liens !

Je me tortille une fois de plus et roule sur le côté droit .

Je me demande comment le hurlement qui est monté de ma gorge n'est pas sorti de ma bouche ! Mon visage surchauffé vient d'entrer en contact avec quelque chose de froid , d'humide, de visqueux ! Quant à l'odeur qui s'en dégage , c'est insupportable . Un seul mot me traverse l'esprit : un cadavre ! Un cadavre en décomposition !

J'essaie de me retourner pour reprendre ma position initiale , mais en vain , mon corps glisse sur l'amas visqueux ! C'est ignoble , mon corps entier frissonne de dégoût , je cambre les reins du mieux que je peux pour éviter que mon visage ne soit une fois de plus en contact avec le cadavre .

Mon imagination galope , je pense : " voilà le sort qui m'est réservé , je vais mourir ici , près de ce corps immonde, mon agonie commence ! "

Soudain en reniflant plus fort pour empêcher mes larmes de me tomber dans la bouche , j'ai une révélation ! Je viens d'aspirer une forte bouffée d'air , disons vicié , même fortement vicié et , j'ai compris que ça sentait le poisson .

- Le poisson ?? Je renifle à nouveau , c'est bien ça , c'est du poisson ! J'aime mieux ça ! Mais , bien sûr ! C'est du poisson , j'en ai la certitude maintenant ! Je respire , enfin façon de s'exprimer ! Cadavre pour cadavre , aucun doute , je préfère le poisson , même très avancé en matière de fraîcheur .

Mais alors ??? je suis dans une poissonnerie ? Non plutôt dans un entrepôt de marins pêcheurs et ce fameux poisson puant c'est ce qu'ils appellent ici de " la boîte à casiers " , c'est à dire l'appât qu'ils glissent au fond des casiers pour attirer les crabes , les homards et autres crustacés et les congres . ça va beaucoup mieux , je suis en terrain connu si je puis dire !

Peut-être , mais ce tas de morceaux de poissons n'arrange pas ma gymnastique au sol ! Pas du tout même ! Finalement je fais des reptations en marche arrière et m'arrête lorsque mes pieds rencontrent un obstacle . C'est quoi cette fois-ci ? Prenant mon courage à deux mains , c'est fou ce que les expressions françaises ne collent décidément pas dans ma situation ! Je quitte ma chaussure gauche en frottant mon pied contre l'autre et tâte prudemment des orteils . C'est frais , je sens comme des barreaux , qui ont l'air en métal , du grillage ....

- Un casier ! Je soupire ! Soulagement et réconfort , je suis bien dans un local de pêcheurs !

J'ai mal partout , je suis crevée et ......cette odeur !

Bon, au moins, je n'ai plus la tête sur les poissons !

Prenant courage , j'essaie de faire ce que j'ai entrepris , au bout de quelques instants , je m'aperçois que c'est impossible . De plus les muscles de mes jambes , des cuisses surtout , maltraités par cette gymnastique imprévue me font atrocement mal . Je me mets sur le côté , nouveaux essais : impossible également ;

- Ciel de lit ! Il faut pourtant que je trouve une solution !

- ça y est , je sais , il faut que je me mette à genoux . Après plusieurs essais infructueux , j'effectue un laborieux demi-tour (tête à queue ) , toujours sur le ventre , puis appuyant ma poitrine sur le casier , j'arrive enfin après un sérieux effort à me mettre à genoux ! J'ai les muscles des jambes qui tremblent , je souffle comme un boeuf , mais ce n'est pas le moment de craquer .

Je me penche légèrement en arrière et miracle , je sens du bout des doigts la cordelette qui enserre mes chevilles . Ma chaussure droite me fait horriblement souffrir , j'ai le cou-de-pied tordu et la boucle d'attache me rentre dans la chair . Pourvu que je trouve le noeud ! La position n'est vraiment pas idéale . Après quelques tâtonnements , je le trouve enfin , mes doigts s'agitent , trouvant les subtilités des noeuds et au bout d'un temps que je trouve relativement court , j'ai les chevilles libérées ! Avec prudence, après avoir remué mes pieds , sans gestes brusques , je me mets enfin debout ! Mon équilibre est précaire , toujours à cause de ma chaussure droite . Délicatement , j'arrive à faire glisser la bride et me voilà nu-pieds sur du sable !

Dommage que mes pieds ne puissent rendre le même serviceà mes mains !

Et maintenant ??

J'ai beau me tordre les mains dans tous les sens , c'est impossible , je ne pourrai jamais me délier les poignets ainsi !

La position debout , m'a quand même donné de l'assurance , puisque je ne peux pas me délivrer les mains , voyons un peu la topographie !

J'ai peur de rencontrer un filet tendu , ce serait le bouquet que je prenne la place d'un poisson dans les traîtres mailles ! Non , j'aurais plutôt l'air d'une pauvre mouche dans la toile d'une araignée .

Inutile également de trébucher bêtement et de se retrouver coincée sous une pile de casiers qui vous tombe en avalanche sur la tête . Donc prudence ! Prudence !

Tâtant le sol du pied gauche , j'avance à petits pas . Je ne connais pour l'instant que le tas de poissons , répérable à l'odeur , le casier qui m'a servi d'appui et ........... c'est tout !

Laissant le tas de poissons à ma droite , j'avance tout droit prudemment . Sur ma gauche , je sens du coude , des casiers empilés . Devant , toujours rien , mon front me sert de guide . Puis je touche quelque chose , je me retourne doucement , mes mains me renseignent : des morceaux de bois humides et minces . J'y suis : les hampes à drapeaux !!! Celles qui indiquent l'emplacement des casiers en mer ! Donc je suis arrivée à une extrémité du local , elles doivent être appuyées contre le mur . Je me dirige donc vers la gauche , toujours des hampes à droite , rien devant , j'avance . Soudain , mon coude droit m'apprend qu'il n'y a plus de hampes . Tâtons -voir ! D'abord je ne sens rien , puis reculant prudemment , très prudemment , j'envoie mon pied gauche en éclaireur : du bois ! Rugueux d'ailleurs . Je recule donc encore un peu et mes mains m'indiquent la même chose . Je m'y adosse presque et cette fois-ci , je fais des pas de côté . Soudain mes mains touchent quelque chose de métallique ............mais oui , c'est une poignée ! Je viens de trouver la porte , hélas mes essais pour l'ouvrir demeurent infructueux .J'arrête de secouer la poignée car les hampes commencent à s'entrechoquer dangereusement ! Je fais demi-tour et contemple sans la voir ce qui est une porte . J'en suis là dans ma contemplation quand je vois , oui je vois au-dessus de la porte un carreau ! J'ai vu , j'en suis sûre et pourtant je ne vois plus ! Ai-je des hallucinations ? Mais non , je le revois , oh faiblement , mais je revois mon carreau ! Puis plus rien encore , puis je vois mon carreau ! ça peut durer longtemps ce petit jeu ! Le phare !! Mais bien sûr le rayon du phare , il éclaire , s'éteint , éclaire , s'éteint ........Magnifique ! Pas si magnifique que ça finalement , que faire sans mes mains ? J'ai beau essayer de les écarter, je n'arrive qu'à me faire horriblement mal !

Soudain , animée d'une énergie dont je ne me serais jamais cru capable , je décide qu'il y a sûrement ici un couteau et que je dois le trouver !

D'après ma logique , il doit se trouver près du tas de poissons . Je refais donc en sens inverse le chemin parcouru, lorsque mon coude droit m'apprend qu'il n'y a plus de casiers et donc que c'est là que je dois tourner , je décide d'aller tout droit . Très prudemment j'avance , mais je m'arrête soudain , mon pied gauche , éclaireur d'élite vient de tâter les filets tant redoutés ! Je fais donc une courte marche arrière et reprends le chemin des poissons . Quelques incursions à gauche m'avertissent enfin que les filets ne jonchent plus le sol . Les poissons ne sont pas loin , je sens fort bien leur parfum . Mes orteils gauches entrent soudain en contact avec quelque chose de métallique . Je me retourne et sens un rebord , puis du bois humide et glissant : une table ? Un établi ? Au choix ! Mes mains agiles tâtent , je fais des pas de côté , retâte , encore des pas de côté , je tâte et mes doigts rencontrent quelque chose , délicatement je touche .............yes ! C'est un couteau ! A big one ! un grand ! Mon coeur bat à me faire mal dans ma poitrine . Je fais confiance à ma main droite pour la délicate opération . Avec délicatesse , elle se saisit du manche et le prend en main . Ayant trop peur de perdre l'objet sinon de mon salut , du moins de ma délivrance , je décide de le poser ou de le ficher quelque part afin d'user la cordelette contre la lame . Rejetant l'idée des casiers , je préfère le sable ou le bord du tas de poissons . Tout mon côté gauche est en éveil , je reviens le long de la table . Arrivée à son extrémité , la main droite crispée sur manche du couteau, je retrouve le sable puis tâtant toujours du pied  , une de mes chaussures , et le casier ! J'imagine la localisation du tas de poissons ! Je me mets à genoux , puis assise . Je veux mettre le couteau par terre , manche calé par le casier et la pointe de la lame par mes fesses ! Après avoir réfléchi , je décide de mettre ma chaussure entre la pointe du couteau et mon auguste postérieur . Je pose donc mon couteau sur le sable et attrape ma chaussure . Je fais tant bien que mal ma petite installation et au moment où je dois accomplir mon dernier acte , j'ai un petit pincement au coeur , dégourdie comme je suis , je vais sûrement m'ouvrir les veines !

Comme il n'y a pas d'autre solution, j'y vais ! Je pousse du bas du dos afin de maintenir le couteau comme il faut et je frotte l'interstice laissé entre mes poignets . J'avais vraiment tort de m'en faire , la lame doit être bien rouillée ! Frottant , tirant , écartant , j'ai l'impression que ça dure des heures , enfin un craquement , merveilleux bruit , m'annonce que je suis au bout de mes peines et effectivement j'ai les mains libres !

- Hourrah !! C'est ce que je crie silencieusement !

J'ai mal au dos et surtout aux épaules . Chacune de mes mains aide sa voisine à se débarrasser des morceaux de cordelette restants .

- Pas une minute à perdre ! Me dis-je .

J'ai déjà mon plan . Je récupère mes chaussures , prends le couteau , on ne sait jamais ? Et je refais pour la troisième fois le trajet : les poissons-la porte ! Arrivée à pied d'oeuvre , je pose au ras des hampes dans " l'allée " , mes chaussures et le couteau , puis j'évalue la hauteur du carreau par rapport au sol : environ deux mètres cinquante ! Je me tourne vers les casiers , en prends un , c'est lourd ! Je le place contre la porte , je prends un second que je place sur le premier puis un troisième . ça devrait aller ! je récupère mon bien que je hisse au sommet en faisant bien attention qu'il ne tombe pas dans l'orifice du casier . Puis j'entreprends l'ascension . Mon échelle de fortune est plutôt branlante mais cependant , j'y arrive . J'ai la grâce d'un éléphant , aucune souplesse dans mes muscles ankylosés !

Je tape avec la lame du couteau sur le carreau , la vitre vole en éclats , je persévère jusqu'à ce que tout le verre soit tombé , puis toujours avec la lame du couteau , je racle le bord . Ensuite j'écoute , seul le bruit des vagues me parvient . Je jette le couteau à l'extérieur ainsi que mes chaussures puis passant une jambe et le haut du corps par l'ouverture , puis l'autre jambe , je me retrouve assise sur le haut de la porte . Ensuite je pivote , me retenant par les mains , mon corps se balance un peu contre la porte puis je saute . Le sable amortit ma chute et aucun éclat de verre ne me blesse !

Faisant très attention où je pose mes pieds , je récupère mes chaussures et les enfile . A la lumière très faible du rayon du phare , je repère le couteau et m'en saisis . L'air me fait du bien , de ma main gauche , je me tâte le visage , j'ai l'impression qu'il est enflé , et je colle , mon séjour sur le tas de poissons en est la cause !

De toute façon , ces considérations , je les garde pour plus tard , inutile de moisir plus longtemps ici . Je me tourne face à la mer que j'entends plus bas et décide de m'enfuir dans la direction opposée . Il fait vraiment noir , par intermittence le faible rayon du phare éclaircit un peu le décor mais si faiblement que je me dirige mal . De plus mes chaussures à talon ne sont pas spécialement indiquées pour le tout terrain !

Toujours d'après le rayon du phare , je sais que pour arriver chez moi , il faut que j'atteigne le plein centre du rayon et qu'ensuite je bifurque sur ma gauche , de toute façon , arrivée là , le paysage m'étant plus familier , je n'aurai plus aucun mal à me débrouiller .

Pour l'instant , je suis en terrain plat, un genre de sentier caillouteux sur lequel je n'arrête pas de me tordre les pieds , bordé par de l'ajonc très bas , je viens d'en tâter les épines acérées sur mon mollet droit ! Ma robe blanche légère se gonfle sous l'effet du petit vent . Comme tenue de camouflage c'est réussi !

Le sentier bifurque un peu à gauche et se met à grimper assez sèchement , je suis obligée d'enlever mes chaussures . Enfin exténuée , les pieds douloureux , j'atteins le sommet . Le sentier semble s'élargir , mais hélas , toujours le même revêtement . Je remets donc mes chaussures , c'est à peu près plat . Je n'ai pas très chaud , le vent que je trouvais frais , tout à l'heure , me semble beaucoup plus froid . Seul point chaud : mon visage ! Ma marche hésitante continue , hélas je suis loin d'atteindre encore le coeur du rayon du phare . mes cheveux poissés reviennent sur mon visage à gauche , c'est absolument désagréable , étant donné l'odeur qu'ils dégagent . J'ai beau les remettre derrière mon oreille , le vent s'acharne à les rabattre . J'ai envie de m'asseoir , je n'en peux plus !

Je finis par ôter à nouveau mes chaussures , ça fait au moins presque une heure que je marche et je n'arrive toujours pas à me repérer . Soudain j'aperçois une forme , ou plutôt deux formes sombres à quelques mètres devant moi . Mon coeur se met à tambouriner follement , je m'arrête , écoute , n'entends rien , les formes n'ont pas bougé ! Serrant mon couteau dans ma main droite , j'avance sur le qui-vive , les formes ne bougent toujours pas . Je m'aperçois en arrivant tout à côté que ce sont deux énormes rochers dressés , comme des petits menhirs ! Je commence à me poser des questions ? Je n'ai jamais vu ce genre de roches dressées près de chez moi ! Mais pourtant le phare , il est bien sur la terre , donc ce devrait être bon , j'ai laissé la mer derrière moi ......oui mais ces rochers ????? J'en ai marre , j'ai mal aux pieds , une bonne cigarette serait la bienvenue !

Mais j'y pense , je dois avoir un paquet dans la poche de ma robe , fébrilement , je tâte ma poche : ni cigarettes , ni briquet , ni rien du tout ! Ces salauds m'ont fait les poches ! Soudain je suis terrorrisée , ils m'ont peut-être violée également ? Je ne ressens aucune douleur ce qui me rassure un peu . Comme j'ai une envie naturelle , je remets mes satanées chaussures et me cache derrière les roches . L'herbe rase de dune a remplacé l'ajonc .

- De toute façon , où que tu sois il faut continuer à marcher ! Me dis-je en prenant ma pauvre tête entre mes mains douteuses et je pousse un cri , un cri d'horreur . Mais ce n'est pas vrai ? Dîtes-moi que ce n'est pas vrai ? Ils m'ont coupé les cheveux ! Le côté droit de ma tête n'a plus de cheveux , ou si peu , ils sont coupés au ras de l'oreille ! Par contre à gauche ils n'y ont pas touché . Je suis effondrée ! Seigneur , moi qui ai horreur des cheveux courts , il faudra au moins deux ans avant qu'ils ne repoussent ! Les larmes me montent aux yeux . Mais bon dieu , qu'est-ce que j'ai bien pu leur faire à ces dégénérés pour qu'ils me martyrisent ainsi ? Je n'espère qu'une seule chose c'est qu'ils ne m'aient pas touchée , ils sont bien capables de m'avoir refilé le sida ou une autre saloperie du genre .

Le mot " salauds " revient sourdement à mes lèvres ! Serrant mon couteau, ça me donne de l'énergie pour repartir .

Je marche , je marche , ça dure des éternités , une colère sourde m'anime . Soudain après un passage bourbeux , très bourbeux même , l'asphalte fait place à la pierraille , il est très bienvenu !

Je me déchausse une nouvelle fois et je repars , des tiraillements au niveau de mon estomac m'apprennent que j'ai très faim et surtout très soif , j'ai la gorge sèche . Une cloche soudain égrène trois coups , ça me galvanise , qui dit cloche dit église , qui dit église dit village ! Allez encore un peu de courage , on y est presque . J'essaie même de presser le pas mais en vain .

Après une demi heure de marche , c'est la cloche qui me renseigne , et , je ne sais combien de kilomètres dans les jambes , j'arrive enfin aux premières maisons . J'ai beau regarder de tous mes yeux , ça ne me rappelle rien ! J'avance encore , ma première impulsion est de frapper à une porte et de demander de l'aide mais bien vite je me refuse à accomplir ce geste . D'abord il est trois heures et demie du matin de quel jour ? ça mystère ! Mais surtout , surtout , je ne suis pas très présentable ! J'ai un demi scalp , une robe , de bonne marque certes , mais qui doit être ignoblement maculée , des pieds en sang , un visage tuméfié et pour achever le tout , un grand couteau à la main !Quel look ! Les échappés des asiles d'aliénès doivent paraître soignés , en comparaison de ma très gracieuse personne !

Je continue donc ma route . Un peu plus loin , il y a un bar , c'est allumé , des rires et des chansons proférés par des voix d'hommes ivres me parviennent aux oreilles . Je n'ose pas y aller, même en jetant mon couteau, et si c'était mes ravisseurs ?

Je passe silencieusement devant la porte, la rue descend , longeant l'église, je suis , ça serpente encore en descendant et soudain l'odeur de la mer me chatouille les narines . ça sent les algues , le goémon , comme on dit ici . Deux lampadaires éclairent un quai, c'est un port ! , Je ne l'ai jamais vu auparavant , je m'avance timidement , cachant mon couteau derrière mon dos . Il y a de la lumière sur un voilier, je m'approche un peu , d'après leur pavillon , ce sont des Anglais . Un homme et une femme se tiennent enlacés sur le pont .

J'engage la conversation, ma voix rauque m'étonne moi-même, je leur demande si le temps leur convient .

- ça va mieux répondent-ils ensemble , après l'orage on respire enfin !

Je m'informe du nom de l'endroit , faisant comme si je l'avais oublié . Quand ils me répondent : Ouessant , avant de retourner dans leur cabine , je n'en crois pas mes oreilles !

Ouessant ! L'île d'Ouessant ! Et moi qui reconnaissais le phare !!

J'espère qu'il y a au moins une gendarmerie ici ?

Découragée , anéantie par la nouvelle et ma marche à pied , je m'asseois sur un muret dans l'ombre du second réverbère .Encore au moins deux heures à attendre avant qu'il ne fasse jour .J'en suis là dans mes réflexions lorsque j'entends ou plutôt je vois une silhouette qui s'avance sur le quai . Je me fige , espèrant qu'elle ne regardera pas de mon côté . Comme l'homme, je vois maintenant que c'est un homme , assez jeune je crois , passe sous mon réverbère, je pense voir Didier ! Mais oui , aucun doute !

- Didier ? Je l'appelle . Pourvu que ce soit lui !

Le jeune homme s'est arrêté , il regarde sans me voir dans ma direction .

- Tu es bien Didier Férec ? Dis-je .

- Oui! Répond-il .

- Oh Didier , je pleure de joie , c'est moi , madame Vaughan !

Il a l'air sceptique ou incrédule , il avance enfin , je me lève . Lorsque j'apparais sous la lumière du réverbère , il me regarde avec effarement ! Angoissée , je lui demande :

- Tu ne me reconnais pas ?

Silence de sa part .

- Ecoute , je te jure que je suis bien madame Vaughan, qu'est-ce que je pourrais bien te dire pour que tu me crois ?

Je pleure et éclate en sanglots, je dois vraiment être enlaidie ! Je réagis cependant .

- Mellie , c'est ma cuisinière, .....mon frère s'appelle Gilles ...J'ai deux enfants: Leslie et Thomas ..........

Je ne sais pas , je cherche d'autres preuves ....

- Tiens ! Il y a eu deux cadavres dans mon allée ......;L'inspecteur Blin t'a montré des photos mercredi à toi et à .....

- Je vous reconnais ! Dit enfin Didier . Mais qu'est-ce que vous faites là et dans cet état ?

En trois phrases , je lui résume la situation et ajoute que surtout j'ai soif et faim !

- Venez ! Me dit-il me prenant par le bras .

Après quelques mètres , il me hisse sur une passerelle et m'entraîne sur un bateau de pêche , me fait asseoir sur une banquette , allume et finit par s'écrier :

- Bon dieu , vous êtes méconnaissable !

- Tu me crois quand même ?

- Oui, votre voix et puis tous ces détails que vous m'avez donnés !

En même temps , il ouvre une grosse boîte de pâté , me coupe une belle tranche de pain de campagne et me tend un couteau . Avec des gestes fébriles je me sers , il ajoute :

- Il y a du vin ?

- Très bien ! ça ira !

C'est faux , mais je ne vais pas faire la difficile ! Comme c'est bon , ce pain-pâté ! Même le vin me semble divin !

- Je vous chauffe de l'eau pour un p'tit café ? S'inquiète Didier .

- S'il te plaît , si tu savais comme je suis contente de t'avoir trouvé ?

- C'est bien normal que je vous rende service . Me répond-il puis il ajoute :

- Je vais allé chercher le patron !

Je m'inquiète :

- C'est qui ?

- Ben , le patron de la Joconde !

- Oui , mais quel est son nom ?

- Kerros , Fench Kerros !

- Celui avec qui j'achète des crabes ?

- Oui ! Répond Didier .

- Il me connaît alors ?

- Bien sûr ! Me rassure Didier avant d'ajouter :

- Vous voulez autre chose ?

- Non , non , c'est très bien ! Ah tiens si , une cigarette s'il te plaît .

- Ben je n'ai que des brunes , mais s'ils ont des blondes au café , je vais vous prendre un paquet ! Tenez ! Me dit-il .

Je prends une gauloise , il me l'allume et me dit de ne pas bouger qu'il revient tout de suite avec le patron .

Après son départ , , je sirote doucement mon café brûlant , la gauloise irrite beaucoup ma gorge mais je me sens bien ! Mes nerfs sont en train de tomber lentement . ça fait à peu près cinq minutes que j'ai terminé mon café que des bruits de voix sur le quai m'annoncent l'arrivée de l'équipage .

Je suis contente mais angoissée à la fois qu'ils me voient dans l'état où je suis . Ma robe est immonde , je pue , le mot n'est pas trop fort . Les vaches , ils m'ont même piqué mes bagues , je n'ai plus que mon alliance . Envolés ma marguerite en diamants et mon saphir !!

Le saphir encore à la rigueur , mais je suis contrariée pour ma marguerite , non seulement c'était ma bague de fiançailles , un souvenir précieux d'Alexander, mais en plus c'était une bague très ancienne datant du XVIIIème

- Seigneur dieu ! Voilà ce que dit Fench Kerros en m'apercevant .

Les deux autres embarqués , derrière son dos , me contemplent également médusés !

- Ma pauvre dame ! Continue Fench Kerros .

Je dois vraiment être horrible !

- Ils m'ont giflée ! Dis-je en guise d'excuse .

- On va passer un appel à Radio-Conquet, allez Jo , aide-moi .

Le dénommé Jo suit son Boss .

Didier en profite pour venir s'asseoir près de moi en me tendant un paquet de Peter et un briquet vert .

- Merci ! Tu es très gentil ! Puis j'ajoute à voix basse:

- Est-ce qu'il y a une glace à bord ?

- Vous voulez vraiment ? me demande-t-il ?

- Mais oui ! Je sais déjà qu'ils m'ont coupé les cheveux d'un côté . Mais j'ai mal aux joues et puis j'ai envie de me voir , dis-je en guise de conclusion !

Didier à contre coeur se lève et part à la recherche de mon désir . Le quatrième homme a mis de l'eau à chauffer.

- Vous voulez du café ? Me demande -t-il gentiment .

- Non merci , dis-je je viens d'en prendre un bol et je n'ai pas l'habitude d'en boire . Mais je veux bien un verre d'eau .

Aussitôt , il me remplit mon bol .

- Vous avez pas de chance ces jours-ci ! Me glisse-t-il .

ça c'est le moins qu'on puisse dire , alors je réponds :

- Ah ça non !

Le patron fait son entrée , suivi de Didier portant une glace à entourage bleu , fendue dans un coin !

- J'pense que c'est du crayon feutre ! Dit Kerros .

Du crayon feutre ? Quel crayon feutre ? Je prends la glace , ferme les yeux , puis les ouvre . Je pousse un cri , encore un cri d'horreur .

Pour être méconnaissable , ah ça , je suis méconnaissable !

Mes cheveux , sur la tête sont peints à raies rouges et bleues . Mais ce n'est pas tout , sur la partie située entre ma bouche et mes yeux , est peinte une horrible chauve-souris noire . Mes deux yeux sont entourés de points multicolores et mon front porte une inscription en rouge que je n'arrive pas à déchiffrer , la glace inversant les lettres .

Le mot central " à " est distinct ..........mais le reste ???

- Qu'est-ce que c'est écrit ? Dis-je , sans quitter la glace des yeux .

- " Putain à flics " jette froidement celui qui m'a donné de l'eau .

A ce moment -là , je me sens immonde , tout mon corps me dégoûte , je me vomis littéralement !

Didier et le patron me regardent sans rien dire . Rendant enfin la glace à Didier , je murmure :

- C'est ignoble ! Et j'éclate en sanglots .

- Allons , allons !! Me dit Kerros , vous êtes saine et sauve , c'est le principal ! Un peu de savon et ça va partir !!

- Vous êtes sûr ? Dis-je entre deux sanglots .

- Mais oui !! Faut pas vous affoler ma p'tite dame , j'vous'l jure qu'c'est pas tatoué ! Quant à vos cheveux , ça va repousser ! Donne-nous donc un verre de cognac . Dit-il à l'adresse de son "embarqué " , tu vois bien que la p'tite dame en a besoin ! Radio- Conquet se met en rapport avec la gendarmerie de Saint-Renan , continue-t-il . On va les rappeler tout à l'heure .

Je pense soudainement aux Anglais du Yacht ! Ils ont du me prendre pour une toquée ! J'espère follement qu'ils ne comprennent pas le français ou plutôt l'argot français .

Je trempe mes lèvres dans le verre de cognac que m'a donné le patron , comme c'est fort ! ça me fait tousser ! Je le pose sur une tablette à côté de moi . Non décidément , l'alcool n'est pas fait pour moi . J'ouvre le paquet de Peter et préfère prendre une cigarette . J'essaie de sourire , un pauvre petit sourire pitoyable , sur ma face défigurée , je ne sais même pas si on le voit !

On dirait la fin d'un mauvais spectacle , avec comme piètre actrice , complètement au bout de son rouleau , ma pauvre personne !

- ça va mieux ! Hein ? S'assure le patron .

- Je suis désolée de vous donner tout ce dérangement !

- Mais non , quelle idée ! Si on ne peut plus rendre service , me dit-il . alors où va notre pauvre monde ?

C'est bien vrai ça !! Où allons-nous ? Vers quelles autres violences avançons-nous ?

- Je vais rappeler Radio-Conquet , dit le patron en sortant .

Didier a l'air complètement ahuri , il me regarde à la dérobée sans rien dire .

Je reprends une cigarette pour faire quelque chose , je n'ai pas envie de parler , pour dire quoi ? M'apitoyer sur mon sort ? A quoi ça servirait , ne suis-je pas descendue au plus profond de l'horreur ? Alors ? Alors j'attends , je fais comme eux . Ce que j'attends d'ailleurs , je n'en sais rien , qu'on prenne la mer sans doute .

- Bon ...... dit le patron en revenant .

Je sursaute , il m'a fait peur .

- ....Je viens d'avoir les instructions par Radio-Conquet , on va vous conduire à l'hôtel du Sillon , ils sont prévenus et vous attendent . Le médecin a été réveillé également et vous attend là-bas . Allez , venez !

Il a l'air soulagé , pour lequel de nous deux ? Mystère !

Je me mets debout , ciel de lit , mes jambes ! Mes muscles durs et ankylosés refusent d'avancer .

- On va vous porter dit Kerros .

Et il m'enlève comme un fétu de paille .

- Prends ses chaussures , dit-il à l'adresse de Didier .

Je serre mon paquet de cigarettes dans ma main . J'ai le sentiment qu'il me manque quelque chose .......oui , mais quoi ?

- Mon couteau ? Dis-je enfin .

- Quel couteau ? Demande Kerros que mon odeur putride n'a pas l'air de gêner outre mesure .

- Vous n'aviez pas de couteau , assure Didier , seulement vos talons à la main .

- Oui , je me rappelle maintenant , je l'ai laissé sur le petit mur sous le réverbère d'où je t'ai appelé tout à l'heure . Il vaut mieux aller le chercher, c'est une pièce à conviction ! Je balaie en même temps des souvenirs pesants à mon esprit .

Docile Didier , m'obéit et revient rapidement avec mon couteau .

- il m'a aidé à couper mes liens , dis-je en guise d'explication .

Notre petite troupe s'engage sur le quai . A mi-côte , essoufflé ,Fench Kerros s'arrête et je me retrouve dans les bras de Jo ! ça grimpe sec , mes cinquante deux kilos sur les bras , Jo peine . Près de l'église , changement de porteur , le troisième marin dont je ne sais pas le nom me transporte à son tour . Puis dans un virage , je me retrouve à nouveau dans les bras de Fench Kerros .

- On y est , me dit-il .

En effet à quelques mètres devant nous , j'aperçois une porte éclairée . Trois personnes debout devant la porte nous attendent .

- Les voilà ! Dit une voix de femme . Et c'est ainsi que je fais mon entrée à l'hôtel du Sillon , portée dans les bras vigoureux de Fench Kerros patron pêcheur de la Joconde !

La lumière électrique me fait plisser les yeux .

- Mon dieu ! s'écrie la brave femme en peignoir bleu , portant une main à sa bouche , comme pour s'empêcher de pousser un hurlement d'effroi .

J'imagine que sous la lumière crue des ampoules , l'effet doit être saisissant .

- Bon ! Dit un homme brun très jeune portant une serviette noire à la main .

La troisième personne , un homme également , le patron de l'hôtel sans doute , se frotte la tête sans rien dire .

Fench Kerros , un grand sourire sur son visage tanné me dit :

- ça va aller , maintenant madame Vaughan, vous êtes entre de bonnes mains ! Puis il ajoute :

- C'est pas tout ça les gars , allons-y , on appareille dans peu de temps !

Je dis d'une toute petite voix :

- Encore merci monsieur Kerros , à vous et à vos hommes , lorsque je reviendrai à la maison , j'irai vous voir !

Comme j'ai hâte !

Un dernier salut et ils tournent les talons . Didier me donne mes chaussures , pose mon couteau sur la table près de laquelle je suis assise et dit au-revoir avant de sortir également .

- Bon ! Refait l'homme qui doit être le médecin . Il ouvre sa serviette et ahurie , je le vois sortir un appareil photo !

- Je suis désolé , s'excuse-t-il , mais j'ai ordre de vous photographier!

Je ne trouve rien à dire! Le monde me semble marcher à l'envers , c'est sans doute moi qui déraille !

Le médecin transformé en reporter, me mitraille au flash à trois ou quatre reprises , puis rangeant son attirail , toujours dans sa serviette , il en sort cette fois-ci un stétoscope , et il m'ausculte ;

- Vous en avez bien du courage , lui dis-je , son travail terminé !

- Mais non! quelle idée ! Bon ça va ! Je suis sûr que vous avez envie d'un bon bain ? Dit-il en riant . Vous voulez bien m'aider? Demande-t-il à l'adresse des deux autres .

La femme s'avance . Me soutenant chacun par le bras , j'avance mécaniquement . La montée de l'escalier m'est très pénible, mais l'idée d'un bain chaud purificateur , me donne courage ! Voilà on y est .

- Je vais vous aider , si vous voulez ? Me dit la patronne .

- Je veux bien , merci !

Le médecin est redescendu .

- D'abord , dit la femme , vous enlevez votre robe .

Je l'aide à me dégrapher .

Mise à nue , je ne constate aucune surprise désagréable sur mon corps . Elle m'aide à entrer dans la baignoire .

Quelle joie cette eau chaude , quel bien être ! Je me détends jusqu'au bout de mes infimes terminaisons nerveuses !

- ça fait du bien ? hein ?

Je soupire : " oh oui ! "

Elle me tend un gant de toilette et un savon , s'armant elle aussi des mêmes instruments . Je me savonne par devant , elle me savonne et m'étrille le dos ; Ces massages énergiques terminés , empoignant la poire à douche , elle fait couler l'eau bienfaisante sur mon crane endolori, c'est une sensation merveilleuse . Puis toujours au savon , elle me frotte la tête .

- ça part !! Annonce-t-elle soulagée .

Je pense : heureusement !

J'entreprends aussitot mon ravalement de façade, je frotte à l'arracher , la peau de mon visage . Sur le gant de toilette , je vois des traces de crayons feutres : ouf !!! ça part aussi !

- Penchez la tête en arrière , me dit la patronne de l'hôtel , transformée en camériste .

L'eau chaude m'inonde le visage !

- Sur les cheveux , c'est parti, me dit-elle mais sur votre figure .....

Je m'inquiète :

- c'est pas parti ?

La voix du médecin , venu constater ma métamorphose dit :

- ça doit être de l'encre de chine , on va essayer avec de l'alcool , tout à l'heure !

Je pense : mon dieu , pourvu que ça s'en aille !

- je reviens , dit mon aide .

Discret le médecin s'est également éclipsé .

La patronne de l'hôtel revient avec un jogging blanc et une petite culotte .

- Je m'appelle madame Vaughan , lui dis-je et vous ?

- Le Gall , répond-elle , puis elle ajoute : c'est à ma fille , je pense que ça vous ira ?

- Comment vous remercier ? Toute cette gentillesse dont vous m'entourez .....

- Ma pauvre , coupe-t-elle , on ne pouvait quand même pas vous laissez dans cette puanteur !

- Merci , dis-je encore , m'enveloppant dans une serviette . Elle me frotte le dos , j'enfile le jogging , c'est parfait !

Elle me sourit , m'avance des chaussons. J'emballe ce qui me reste de cheveux dans une serviette sèche et nous partons vers une chambre .

Le mèdecin , tout souriant m'y attend .

- Alors? Me demande-t-il .

- Un vrai bain de jouvence !

- Bon , voyons ce que l'alcool peut faire ? Dit-il armé d-un coton . Allongez-vous , conseille-t-il .

Je ne me fais pas prier , je m'étends avec plaisir .

- Sous les draps ! Ordonne-t-il . Je n'ai besoin que de votre visage . Je m'exécute , trouvant que le mot visage , ne correspond pas beaucoup au souvenir que j'en garde !

- ça part annonce-t-il triomphalement !

Il me frotte avec tant de vigueur que j'ai l'impression de ne plus avoir de peau , mais les chairs à vif !

- Bon , ajoute-t-il au bout d'un moment , il y a encore quelques traces , mais j'arrête , on recommencera tout à l'heure !

- Au fait , quel jour sommes-nous ?

- Dimanche ! Exactement quatre heures cinquante-trois du matin, dit-il en regardant sa montre .

- Dimanche !

J'ai l'impression qu'il s'est écoulé un siècle entre hier , samedi après-midi , le marché et la suite et cet instant présent !

Il m'enduit la figure de crème .

- Vous allez dormir un peu maintenant , je repasserai dans la matinée dit-il .

Madame Le Gall me sourit près de lui, je sens que je sombre déjà dans le sommeil . A part mon visage en feu , je me sens à la fois lourde et bien . Les émotions , la fatigue , je m'endors brutalement sans remuer ne serait-ce qu'un orteil !

Fin du Chapitre Trois

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Commentaires
L
Bon j'ai survolé ce soir, je reviendrais lire plus calmement un peu plus tard. Bonne soirée bisous Lucia
G
bon j'ai pas tout lu je reviens ce soir pour finir ... palpitant ton histoire !!! bisous
T
Je ne te dis pas avec quelle impatience je vais attendre la suite !C'est une vraie héroïne cette madame Vaughan !
T
Avant de lire ton chapitre, je répond à tes commentaires qui m'ont amusé . Tu sais, ces vaches sont manipulées à longueur d' année, alors elle sont gentilles, pas comme ces diablesses de vaches camargues, que j'ai affronté à plusieurs reprises dans les arènes ! Ah les vaches, elles connaissent toutes les ficelles du métier pour faire valdinguer les imprudents qui osent mettre les pides dans leur domaine, j'ai cité la piscine. Mais en fait, elles ne sont pas vraiment méchantes, juste, très joueuses , alors, tu penses bien que nos vaches ne me font plus peur maintenant. Quoique les pies noires bretonnes, dans leur genre sont assez vives aussi, mais avant, dans la campagne bretonne, elles étaient attellées et travaillaient aux champs . C'est comme tout animal, si il est habitué petit à être manipullé, il apprend et devient calme ! Bon, je vais lire ton chapitre maintenant ! Bisous ! Bonne nuit !
Adélaïde's accounts
  • J'adore la Nature, j'aime m'y promener, la photographier, faire des rencontres florales et animales. Je vis en compagnie de cockers et de chevaux. Mes passions sont le jardinage et l'écriture.
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