L'ETE 2003

L'été de toutes les souffrances , aussi bien pour les Hommes que pour les Animaux ou les Végétaux ! Un été caniculaire auquel nous n'étions pas préparés et qui nous a donc pris au dépourvu !

Un bel été meurtrier qui a montré que le chacun pour soi ou la charité bien ordonnée commençait égoïstement par soi-même . Ici , à la campagne , au bord de mer , c'était déjà irrespirable à onze heures du matin et volets tirés , la maison baignait dans la demi-obscurité mais sans fraîcheur pour autant . Comme il n'y avait pas de vent , on ne pouvait pas faire de courant d'air ! Nous passions nos journées à l'ombre des pins , le thermomètre de la terrasse affichant 48° ! L'arrosage à l'eau de la ville était interdit , heureusement j'avais mon puits ! L'eau du bassin baissait de quarante centimètres par jour et je protégeais mes sept poissons à l'aide d'un parasol . Aussi chaud qu'à Bangkok !

Faire les courses au super marché était devenu , pire qu'une corvée ! Sous l'abri , peu de voitures pouvaient se garer , alors le retour des courses dans l'habitacle surchauffé , c'était l'enfer ! Craignant pour notre santé , j'avais acheté une petite glaciaire pour transporter les aliments périssables du super marché à la maison . Le soir à la télévision, on ne voyait que désolation : rivières asséchées , terres craquelées , troupeaux à la recherche du brin d'herbe vert , agriculteurs consternés , incendies dévastateurs !

Et puis un soir , Patrick Pelloux poussa son cri , ce terrible cri qui se répercuta en écho dans toute la France : nos chers vieux mouraient dans l'indifférence la plus totale , le gouvernement était en vacances , les hôpitaux étaient débordés , le personnel harassé manquait de remplaçants et surtout l'horreur , nos pauvres vieux , s'entassaient comme de la marchandise étiquetée , en attente , dans des couloirs bondés , ressemblant plus à des halls de gare !

Et tout cela dans la touffeur , la moiteur , par manque de matériel adapté pour ventiler les locaux !

J'étais atterrée, je comprenais ce médecin qui criait à l'aide , dépassé par l'ampleur de l'hécatombe ! Je comprenais son impuissance et son cri de desespoir , mais ce que je ne comprenais pas c'est cet égoïsme , dans les quartiers , dans les immeubles, où personne ne s'intéressait à son voisin ou voisine du troisième âge . Comment des familles pouvaient-elles laisser se débrouiller leurs vieux parents sans prendre de nouvelles , sans déléguer quelqu'un ou même avertir le bureau d'aide sociale ? Il y a eu , voici quelque temps : le siècle des Lumières , le XVIII ème pour le nommer , voyons-nous poindre le siècle de l'égoïsme , du n'importe quoi ! J'en ai été très choquée ! Mais je crois que ce qui m'a complètement achevée , ce sont tous ces cercueils anonymes et sans famille , ces pauvres corps non réclamés , partis dans l'abandon de tous : un cauchemar , une horreur !

Le 3 août de cette année 2003 , je m'étais rendue , accompagnée de la plus jeune de mes filles à deux cents kilomètres de chez nous , pour faire saillir ma chienne cocker Pouchkine par un très joli mâle tricolore et conserver les lignées . Le voyage avait été éprouvant , fenêtres ouvertes , pulvérisateur d'eau pour mon chien qui haletait pour se rafraîchir . Lorsque nous étions revenues , nous avions pique-niqué sous des châtaigniers séculaires , mais même à l'ombre , la chaleur nous oppressait !

Pouchkine qui nous avait mis bas six chiots , deux ans auparavant , ne nous donna qu'un unique mâle bleu ! Plusieurs personnes me confirmèrent n'avoir eu qu'un chiot également dans leurs portées : sans doute la chaleur !

Mes pâtures étaient rases , jaunes et sèches et je n'en trouvais aucune à louer, le système des jachères et des friches obligatoires nous privant de surfaces à paître ! J'avais du entamer mes réserves de foin stockées pour l'hiver , comme bon nombre d'agriculteurs voisins .En plus le maïs était petit, malingre et ça ne les rassurait pas sur leur avenir . Les châtaigniers et les chênes perdaient leurs feuilles , on marchait sur des tapis de feuilles vertes desséchées ! On respirait de la poussière ou notre terre de bruyère si fine , transportée par le vent ! Et on était toujours en été !

Et puis , début septembre , en fin d'après-midi , une pluie bienfaisante , la première depuis si longtemps tomba du ciel à ma plus grande joie ! Aussi , cette soirèe-là , je suis allée à la prairie , tête nue sous l'eau salvatrice et c'est là que je les ai découvertes , je n'en n'avais jamais vu une seule auparavant .

Des salamandres par centaines , qui remontaient de ma prairie vers le petit bois qu'elles avaient du quitter à cause de la sécheresse . Pataudes , superbes dans leurs livrées jaunes et noires en marche vers un même but , le petit bois . Pour l'instant , elles étaient seulement sur le chemin , il leur restait beaucoup d'efforts à faire . C'était étrange, toutes ces salamandres qui marchaient dans la même direction ! Je devais faire attention pour les éviter !

François 1er pouvait être rassuré , son animal emblématique se portait à merveille et n'avait pas , lui , était décimé par cet horrible été 2003 !

L'Emblème de François 1er

Fin .

L'ETE 2003

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