L'OEUF
Un après-midi , j'avais onze ans , Maman nous emmena , mon petit frère et moi à St Vallier de Thiey , charmante bourgade au dessus de Vence , sur la route Napoléon , dans les Alpes Maritimes ( 06 ) . Elle avait quelque chose à régler et des oeufs frais à acheter dans une ferme , dont elle connaissait bien les propriétaires . Pendant que Maman réglait ses affaires , tous les deux nous avons fait une belle balade à cheval dans la campagne environnante . Maman nous a récupérés au ranch et ensemble , nous avons rendu visite aux charmants propriétaires du poulailler , la dame souffrant d'une jambe , nous demanda à tous les deux d'aller récupérer les oeufs que ses poules pondaient anarchiquement dans la grange sur les bottes de paille et de foin .
Munie d'un panier , je ramassais consciencieusement les oeufs , faisant très attention où je posais mon pied . Mon petit frère , par jeu, avait escaladé tout le tas et perché au sommet , il faisait semblant de chercher , bien que la dame lui criait que c'était trop haut pour trouver des oeufs . Soudain , fièrement mon frère qui sautait de botte en botte poussa un cri triomphal et brandit sa trouvaille ! La fermière n'eut pas le temps d'achever sa phrase :
- Pas celui-là !
A " Pas " , déséquilibré par une botte mal rangée , il venait de nous faire une belle chûte , atterrissant sans dommage sur du bon foin odorant , cependant le gros oeuf n'eut pas cette chance , il se brisa dans ses mains et son contenu se répandit sur le short et le polo de mon cher frère .
- Oh là là fit la fermière .
Maman et moi , en même temps avons senti l'odeur très désagréable de l'oeuf pourri . Mon petit frère , assagi soudainement , roulait des yeux et finit par se boucher le nez !
Quand il se releva , j'étais morte de rire, Maman beaucoup moins , il était gluant et puant à souhait ! La fermière nous expliqua que c'était un oeuf d'oie mis là pour inciter les poules à pondre .
Quelle chance , en plus il était plus gros que les autres !
En slip , mon frère fut lavé à la pompe à eau située à l'arrière du hangar , ses vêtements mouillés enveloppés dans deux ou trois sacs ! C'est ainsi qu'il revint en ville , tout seul , à l'arrière de la voiture , assis sur des feuilles de journaux , dégageant toujours une odeur absolument affreuse !
Le repas fut joyeux , mes deux autres frères qui n'avaient pas participé à l'exploit , redemandaient force détails et le brillant équilibriste malchanceux commençait à en avoir assez qu'on se moque ouvertement de lui !
Fin